Au cœur du département des Nippes, il y a une série de chutes d’eau si magnifiques que la croyance populaire assume qu’elles sont habitées par deux esprits. La cascade du Saut du Baril est visitée chaque année par plus de 150 000 touristes locaux. Les pèlerins ne le remarquent peut-être pas, mais les gens qui vivent dans la communauté autour de la chute d’eau voient des changements dans leur environnement et même dans la quantité d’eau qui s’écoule dans ces bassins sacrés chaque année.

 

Le projet pilote Point Vert est concentré sur les terres situées en amont de la chute d’eau où une forte érosion a commencé à affecter la capacité du sol à retenir l’eau qui filtre dans les ruisseaux. Les agriculteurs qui font partie de l’organisation communautaire MODESBA cultivent dans les hauteurs depuis des générations. Comme 80 % de la population haïtienne, la communauté du Saut du Baril est située sur des montagnes escarpées marquées par de larges espaces dénudées. En absence d’arbres et autres espaces verts, les fortes pluies ont emporté la terre arable, la plus riche partie du sol.

 

Dans de telles régions, les agriculteurs ne peuvent plus faire leurs « jardins ». Le sol ne peut pas retenir les graines et il n’y a pas assez de nutriments pour que les plantes grandissent. Cependant, certains arbres et arbustes vigoureux peuvent non seulement survivre à ces conditions, mais ils peuvent aussi commencer à redonner vie au sol en lui apportant des nutriments et en aidant à retenir l’humidité après la pluie.

 

Dans le cadre du projet pilote « Point Vert », on demande aux agriculteurs de la région de faire deux choses importantes afin de recevoir de l’aide. S’ils acceptent de clôturer la partie la plus vulnérable de leurs terres et font pousser les arbres et les plantes pendant au moins deux ans, ils reçoivent un paiement en contrepartie des arbres, des arbustes et des herbes qu’ils auront fait pousser pour restaurer le sol et améliorer le rendement agricole.

 

Le projet pilote « Point Vert » à Saut du Baril est un exemple de modèle de paiement pour les services écosystémiques où les agriculteurs sont payés pour garder les arbres sur leur parcelle jusqu’à ce qu’ils soient assez grands et assez forts pour survivre par eux-mêmes. En Haïti, l’un des plus grands ennemis des efforts de reboisement est l’élevage libre du bétail. Cependant, le bétail est extrêmement précieux et tient souvent le rôle de compte en banque pour les familles en cas d’urgence pour des soins de santé ou autres. Donc, les chèvres sont autorisées à paître librement en raison de la valeur qu’elles représentent. Grâce au projet pilote Point Vert, MODESBA est en mesure de payer les familles pour qu’elles protègent et gardent les arbres en vie assez longtemps pour qu’ils aient plus de valeur à long terme.

 

En plus de restaurer le sol au profit des familles individuelles, MODESBA se préoccupe de l’avenir des belles cascades du Saut du Baril. Le projet pilote « Point Vert » devra donc avoir un impact visible sur l’ensemble du réseau hydrographique en raison de la concentration des plantes en amont du bassin versant.